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Dans cette série d’articles, Eric Dupont et Philippe Angoustures, associés du cabinet PMP, examinent comment l’expérience des conditions difficiles en mer peut être utile aux dirigeants dans la crise actuelle.

Une des choses qui change le plus en mer est clairement le rapport au temps.

En effet sur un voilier soit l’on est dans une manœuvre et chaque seconde peut alors valoir de l’or, soit l’on est entre deux manœuvres et l’on semble alors disposer d’un stock quasi infini de minutes ou d’heures qui paraissent toutes similaires entre elles. Entre ces deux situations pas de juste milieu !

Ainsi les marins développent progressivement un rapport au temps leur permettant d’habiter alternativement chacun de ces extrêmes de la manière la plus positive possible : longues périodes de vide ou courtes périodes d’intensité.

Une bonne façon d’y parvenir est de substituer au temps la notion d’instant présent et de faire comme si le temps n’existait pas.

Que ce soit pour contempler la mer pendant des heures ou pour faire un empannage sous spi en quelques secondes, une attitude visant à « optimiser » le temps qui passe trouvera vite sa limite et rendra l’expérience pénible car il passera toujours trop vite ou trop lentement. En revanche prendre les situations telle qu’elles se présentent, de manière non jugeante (comment juger un embrun ou une écoute de spi ?), en ne se concentrant que sur ce que l’on a à faire dans l’instant permet de vivre la navigation dans la durée de manière positive tout en restant efficace. Être bien entrainé aux manœuvres sera bien sûr nécessaire, ainsi que d’avoir créé les conditions de navigation pour que les longues périodes d’inaction soient vivables, mais dans les deux cas le succès de l’expérience résidera aussi dans la capacité à vivre pleinement l’instant présent comme dans les pratiques de méditation visant la pleine conscience.

Ainsi comme M.Jourdain, on peut dire que le marin pratique la pleine conscience sans le savoir. Et de même que de nombreuses études ont montré les bénéfices de la pleine conscience sur la santé, peut-être est-ce pour ça qu’au bout de quelques jours on n’est plus malade en mer.

Certains d’entre nous vivent une longue période d’inaction, certains redoublent d’efforts pour refaire partir la machine. Les premiers semblent avoir trop de temps et les seconds jamais assez. La mer nous enseigne que pour tirer le maximum de chaque situation tout en nous sentant mieux, nous avons intérêt à les vivre de manière identique en nous concentrant sur l’instant présent.

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